Jean Guillou exprime sa créativité à travers de multiples facettes de son art.
Comme interprète, il a su faire reculer considérablement les limites techniques du jeu instrumental à l’orgue. Pianiste également, il a ressuscité la Sonate pour piano de Julius Reubke, un élève de Liszt mort à 24 ans après avoir laissé deux chefs-d’œuvre : cette Sonate pour piano et la Sonate pour orgue que Jean Guillou fut le seul à avoir enregistrées et jouées conjointement en concert. Il inaugura aussi en 2002, au Teatro Olimpico de Vicenza et à l’Opéra Royal de Versailles, le Piano-Pédalier Borgato.
Comme compositeur, il a depuis ses jeunes années élaboré et développé un monde musical singulier, d’une éloquence dramatique puissamment individualisée. Il a ainsi découvert une nature nouvelle à la palette de l’orgue, et cherché à faire vivre celui-ci en confrontation avec le piano (Colloques n°2, 4, 5, 7) ou d’autres instruments (violon, violoncelle, flûte, clarinette, percussions, marimba, voix), sans oublier 7 Concertos pour Orgue et Orchestre. Son univers se livre aussi à travers 3 Symphonies, 2 Concertos pour piano, de la musique vocale, de la musique de chambre (notamment le Trio pour 3 violoncelles, le Quatuor pour hautbois et cordes), des œuvres pour piano. Son œuvre est désormais publiée par Schott Musik.
Comme improvisateur, il donne de nouvelles impulsions à une improvisation authentiquement créatrice, libérée des schémas du passé.
Concepteur d’une nouvelle pensée organologique, il a fait appliquer ses idées novatrices à travers la facture des orgues de l’Alpe d’Huez, du “Chant d’Oiseau” à Bruxelles, du Conservatoire de Naples, de la Tonhalle de Zürich, de la Salle de Concert de Ténériffe et de Saint Antoine des Potugais à Rome. Son projet pour Ténériffe d’un orgue divisé en 8 buffets et 12 corps sonores, confère une dimension dramaturgique à l’instrument, jouable sur une console de 4 claviers, mais aussi, avec 8 autres claviers, par 9 organistes. Cette idée fut à l’origine de son œuvre “La Révolte des Orgues”, jouée en première audition le 12 mai 2007 à Landsberg puis le 19 juin à Saint Eustache. Le développement ultime de ses conceptions aboutit à l’ «Orgue à Structure Variable», dont on trouvera la description dans son livre reparcourant toute l’histoire de l’instrument et exposant ses idées sur la nature complexe de l’orgue auquel il veut insuffler une plus grande richesse poétique : « L’Orgue, Souvenir et Avenir » (Buchet-Chastel) qui en est à sa quatrième édition en France, à sa deuxième édition en Allemagne, et à sa première édition en Italie.
Écrivain, Jean Guillou a par ailleurs livré de nombreux textes sur la musique mais aussi des exégèses littéraires et des poèmes. Plusieurs de ses compositions exploitent ses propres textes : “Alice au Pays de l’Orgue” pour orgue et récitant, “Aube” pour 12 voix et orgue, le “Poème de la Main” pour soprano et orgue, “Écho” pour chœur et ensemble instrumental.
Pédagogue, il a enseigné de 1970 à 2005 au Meisterkursus de Zürich, aux côtés de Geza Anda, Nathan Milstein, Gregor Piatigorsky, Vladimir Spivakov, guidant ainsi plus de 300 jeunes artistes de tous pays.
En 2010 Philips a réédité en 2 volumes ses enregistrements (Les Classiques, Les Modernes) réalisés dans les années 1960 à et 70, mais aussi publié, toujours en 2010 un volume de 7 CD de ses compositions pour orgue, autres instruments et voix, l’Intégrale Bach, un CD sur le Double Piano Borgato, et un CD Mozart. D’autres labels (Dorian, Festivo, Pierre Vérany, Carrara, Augure) complètent sa discographie.
2007 a vu la création de deux de ses œuvres : « La Révolte des Orgues » écrite pour 9 orgues et percussions, et le 7ème Concerto créé avec l’orchestre « di Padova e del Veneto » sous la direction de Giuseppe Marotta, à Padoue et à Milan. Des enregistrements effectués en 2008 sur l’orgue du Conservatoire de Naples, conçu par Jean Guillou, ont fait l’objet de 3 CD chez Philips-Universal: Schumann, Liszt, Improvisations (Voyage à Naples).
Un livre d’entretiens, réalisé par Jörg Abbing et enrichi de nombreux textes, a été édité en Allemagne («Jean Guillou, Colloques», Dr. J. Butz Musikverlag, 2006). Son œuvre fait l’objet de plusieurs thèses, par Jean-Philippe Hodant («Rhétorique et Dramaturgie musicale dans l’œuvre de Jean Guillou»), Thomas Dahl (sur l’œuvre concertante), Giampaolo di Rosa (sur l’art de la registration et son rôle structurel), ainsi que de travaux d’analyse par Sylviane Falcinelli.