Jean BOYER

Jean BOYERConcertiste international, se produisant fréquemment aux États-Unis et au Japon, il donnait néanmoins beaucoup d’importance à ses fonctions d’organiste liturgiste, très attaché au répertoire sacré. Passionné par la facture d’orgue, préférant les instruments qui ont du caractère, enrichissant ainsi ceux qui les touchent, il s’intéressait plus particulièrement aux orgues du Sud-Ouest de la France et aux compositeurs du début du XVIIe siècle (Titelouze, Frescobaldi, Sweelinck, Correa de Arauxo) considérant que ce fut l’âge d’or des polyphonies écrites pour l’orgue.

Né à Sidi-Bel-Abbès (Algérie) le 4 octobre 1948, où son père Noël Boyer, ancien élève d’André Marchal et de Jean Langlais, tenait l’orgue de la cathédrale Saint-Vincent et enseignait le piano et le violon au Conservatoire de cette ville, Jean Boyer reçut ses premières leçons de musique de la part de ses parents, sa mère étant également organiste. Désirant très jeune devenir organiste à l’image de ses père et mère, il étudia l’orgue en autodidacte puis, après son baccalauréat, entra en 1967 dans la classe d’orgue de Xavier Darasse au Conservatoire de Toulouse où il obtint un 1er prix deux années plus tard.

En 1972, il succédait à Michel Chapuis au grand orgue de l’église Saint-Nicolas-des-Champs (Paris, IIIe), poste qu’il abandonnait en décembre 1995 au profit de Vincent Genvrin, l’un de ses élèves. A partir de 1975, il sera également, à la suite d’André Isoir, cotitulaire de Saint-Séverin (Paris Ve) avec Jacques Marichal, Francis Chapelet et Michel Chapuis (jusqu’en 1988).

Lauréat du concours international d’Arnhem-Nimègue des Pays-Bas en 1978, comme organiste d’église il avait la faculté de savoir adapter son jeu en fonction de l’esprit du lieu, du type d’instrument, de l’assistante présente et des habitudes liturgiques particulières à chaque paroisse. Accordant également une grande importance à l’enseignement, Jean Boyer considérait notamment qu’il était très formateur pour le professeur et qu’il  » exige l’attention, l’observation, l’imagination, la patience et bien d’autres qualités qui ne peuvent qu’enrichir le musicien et sa relation à la musique et à l’instrument  » [Préludes, n° 6, avril 1994].

Il a ainsi professé en premier lieu au Conservatoire de Bayonne puis, entre 1980 et 1982, à celui de Brest et à la Schola Cantorum de Paris avant de succéder à Jeanne Joulain au CNR de Lille (1982-1992) et surtout en 1992 à son maître Xavier Darasse dans la classe d’orgue du CNSM de Lyon. Il était aussi invité permanent au Sweelinck Conservatorium d’Amsterdam où il enseignait depuis 1998 et durant de nombreuses années a donné des master-classes à l’Académie de l’orgue de Semur-en-Auxois (Côte-d’Or).

Il a ainsi formé plusieurs générations d’organistes dont l’une des principales caractéristiques est de s’attacher à présenter la littérature d’orgue dans son ensemble, sans esprit partisan. Parmi eux citons Élise Rollin, Yves Lafargue, Nicolas Bucher, Arnaud Pumir, Dong-ill Shin, Jean-Luc Perrot, Damien Simon, Aude Schumacher, Francis Jacob, Bruno Beaufils, Brice Montagnoux, Dominique Chevalier, Laurent Bouis, Sylvain Heili, Lionel Avot, Andrés Cea Galan, Willy Ippolito, Jérôme Mondesert, Aude Heurtematte, Michel Jézo, Régis Rousseau…

La discographie de Jean Boyer est peu importante, car il préférait de loin se produire en concert et surtout considérait que l’industrie du disque était devenue trop commerciale favorisant ainsi la médiocrité. On lui doit cependant quelques enregistrements, dont le premier (Stil 2103S71) réalisé en 1971 à l’orgue Schmit (1772) de Gimont (Gers) avec des pièces françaises, flamandes et espagnoles des XVIIe et XVIIIe siècles, lui valut l’année suivante le Grand Prix du Disque et qui fut qualifié par certains de  » poésie à l’état pur « , ainsi que, toujours pour la maison de disques Stil, des pièces de Boëly à l’orgue François-Henri Clicquot de Notre-Dame-des-Champs (1405S73), l’intégrale des œuvres pour orgue de Brahms sur l’orgue historique Friedrich Becker à Wechold (0605S76), le Premier Livre d’orgue et les Hymnes de Nicolas Grigny à l’orgue Boisseau de la collégiale Saint-Sylvain de Levroux (2604S79), les Chorals de Leipzig de Bach à l’orgue de Porrentruy (0607S88 et 1007S88) et chez Emi (5617772), l’œuvre pour orgue de Louis-Nicolas-Clérambault à l’orgue de Saint-Michel-en-Thiérache.

En tant que musicologue Jean Boyer a publié plusieurs articles sur l’orgue, notamment  » La Grande Pièce symphonique de C. Franck  » et  » L’évolution du legato dans la musique d’orgue en France  » dans la revue suédoise Proceedings of the Göteborg Organ Academy (1994 et 1996),  » Johannes Brahms et l’orgue  » dans le Japan Organist (1997) et  » Nuances dynamiques dans la musique d’orgue de J.-S. Bach « , actes du colloque de l’Académie de l’orgue de Saint-Dié-des-Vosges (1998).

Décédé le 28 juin 2004, il devait d’ailleurs animer du 6 au 16 juillet 2004 en tant que président la 37ème édition de cette Académie sur le thème du choral.

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